CAMEROUN –ECONOMIE : FACE A L’EXPLOSION DES PRIX DES MATIÈRES PREMIÈRES

L’économie nationale n’a jamais été autant confrontée à un défi aussi titanesque que celui qui toque depuis janvier dernier aux portes du Cameroun : la hausse fulgurante des prix des matières premières ainsi que l’explosion des prix du fret maritime selon l’origine des marchandises. Deux phénomènes qui menacent sérieusement de neutraliser les entreprises nationales et de provoquer de sérieuses crises sociales, si rien n’est fait maintenant. Toute chose qui n’est ni bon pour le secteur privé, ni bon pour le gouvernement. 

Prenant la mesure des choses, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a rencontré le secteur privé, ce vendredi 1er octobre 2021 au siège du Gicam à Douala, à l’effet de poser un diagnostique clair des conséquences économiques néfastes de la crise liée à la Covid-19, en l’occurrence la hausse majeure des coûts des matières premières et du fret maritime, afin de trouver des pistes de solutions pour atténuer l’impact de ces conséquences sur le consommateur final.

Occasion pour le président du Gicam (Groupement inter patronal du Cameroun), Célestin Tawamba, de lever un pan de voile sur l’ampleur du défi titanesque que devra relever l’économie nationale dans les prochains jours voire semaines. Car, « l’heure est plus grave », a-t-il déclaré d’entrée de jeu. Avant d’égrener les chiffres les plus alarmants par PowerPoint. « Les prix des matières premières et du fret maritime affichent les niveaux les plus élevés de ces 20 dernières années. L’augmentation des prix des matières premières atteint les 200% pour certains produits. Les prix du fret maritime, à destination de l’Afrique, connaissent une hausse, oscillant entre 250 à 400%, suivant l’origine », va-t-il indiquer.

Ampleur historique des plans de relance post-Covid

A l’origine de cette situation, l’ampleur historique des plans de relance post-Covid dans les pays développés (d’un montant cumulé de plus de 10 000 milliards de dollars, soit 5,6 millions de milliards de FCA) et dont la hausse de la demande induite n’a pu être satisfaite du fait de l’offre limitée, les restrictions à l’exportation pratiquées par certains pays producteurs, la persistance des restrictions sanitaires et la baisse de la production du fait des aléas climatiques notamment. 

À ces causes importées, s’ajoutent, apprend-on, des causes internes, notamment l’introduction de nouvelles taxes, l’accroissement des coûts de passage portuaire, toutes choses qui s’additionnent à des contraintes structurelles auxquelles sont déjà confrontées les entreprises, en l’occurrence le déficit énergétique et la fiscalité de plus en plus pesante.

Selon le président du Gicam, la hausse des coûts de production dans les entreprises à l’heure actuelle oscille entre 15 et 50% suivant les secteurs.   « La compétitivité voire la survie des entreprises est donc en jeu tout comme les risques sur les emplois sont réels », souligne Célestin Tawamba. 

Piste de solutions

Fort de ce diagnostic, par ailleurs partagé par les Associations de consommateurs, les entreprises ont formulé à l’endroit du membre du gouvernement des propositions de mesures envisageables à savoir : l’ajustement limité des prix de vente ; les subventions ponctuelles, les allègements fiscaux (taux de TVA réduit ou nul, allègement/suspension de l’acompte sur certains secteurs, suspensions de contrôles, …) ; la suspension des taxes parafiscales ; la suspension de certaines taxes portuaires ; la réallocation des appuis Covid aux secteurs stratégiques. Et enfin, la réactivation et/ou maintien en 2022 de mesures exceptionnelles instaurées en 2021.

De manière structurelle, le secteur privé suggère que soit promu la production locale ainsi que l’économie circulaire à travers notamment les transactions interentreprises, afin de réduire la dépendance aux importations, principalement dans les secteurs pour lesquelles une production locale est envisageable

Le Mincommerce s’est dit ouvert à toutes les propositions susceptibles d’aider l’économie nationale à résister à la bourrasque qui s’annonce.  « Les mesures doivent non seulement tenir sur le très court terme, mais aussi sur le moyen et long terme», a-t-il indiqué, laisse entendre Eco Finance Hebdo

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