Dans une interview qu’il vient d’accorder au quotidien à capitaux publics, Cameroon Tribune, le ministre des Forêts et de la Faune, Jules Doret Ndongo (photo), révèle les retombées que le gouvernement camerounais attend de la décision prise par les pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale), d’interdire les exportations des bois en grume dans cet espace communautaire, à compter du 1er janvier 2023.
À en croire ce membre du gouvernement, cette décision devrait d’abord induire, à l’horizon 2030, une augmentation substantielle des quantités de bois prélevées dans les concessions forestières camerounaises. Ces prélèvements sont projetés à 15 millions de mètres cubes par an, contre 7 millions de mètres cubes actuellement. Cette augmentation correspondant à plus de 100% devrait également, soutient le ministre, conduire au doublement de la contribution de la filière bois au PIB.
Ensuite, cet accroissement attendu de la production sylvicole devrait, par effet d’entraînement, porter le nombre d’emplois dans cette filière de 40 000 actuellement à « au moins 100 000 », en raison notamment du dynamisme de la transformation locale, selon les prévisions révélées par le ministre Doret Ndongo. De ce point de vue, apprend-on officiellement, le Cameroun ambitionne de passer de 75% actuellement à 100% de grumes traitées dans la première transformation et d’augmenter de 50% le niveau d’activités dans les 2e et 3e transformation.
Au demeurant, soutient le ministre des Forêts et de la Faune, le développement de la transformation locale du bois voulu par les pays de la Cemac, à travers l’interdiction des exportations des grumes dès janvier 2023, ne sera pas sans conséquence sur les recettes publiques. Du moins, pour les premières années d’implémentation de la mesure.
Fiscalité incitative
« Globalement, les pertes annuelles pour le début pourront se chiffrer à environ 13 milliards de FCFA pour les droits de sortie sur les grumes, 1,8 milliard de FCFA de taxe d’abattage sur les grumes destinées à l’exportation, 580 millions de FCFA de taxe d’inspection des grumes », détaille le ministre Doret Ndongo, avant d’ajouter : « mais, progressivement, vont réaugmenter la taxe d’abattage et toutes les autres taxes liées à la transformation du bois ».
Pour rappel, initialement annoncée pour le 1er janvier 2022, l’entrée en vigueur de l’interdiction des exportations des grumes dans la zone Cemac avait ensuite été différée d’un an. Selon la Commission de la Cemac, il était question de se donner une période de transition de 12 mois, pour permettre aux États de la communauté de maturer les projets de transformation locale du bois et de mettre en place des mesures incitatives visant à encourager les forestiers à investir dans les 2e et 3e transformations.
« De janvier à décembre 2022, pour éviter que le changement de paradigme soit brutal et mette les entreprises du secteur en difficulté, la Commission de la Cemac a pris sur elle la responsabilité d’accompagner les États pour faciliter ledit changement. Elle va financer avec l’appui de la BAD, l’élaboration des études de faisabilité sur les 28 projets identifiés, afin de juger de leur maturité. Un dispositif régional de fiscalité forestière harmonisé est prévu, ainsi que l’évaluation des mesures de soutien aux entreprises », avait expliqué Duval Antoine Dembi, le directeur du développement industriel, des mines et du tourisme au sein de la Commission de la Cemac. C’était le 28 juillet 2021, au cours d’une réunion par visioconférence des ministres en charge des Forêts, de l’Industrie, de l’Environnement, de l’Économie, de la Planification, des Finances et du Budget des États membres de la Cemac et de la RD Congo.
SOURCE :investiraucameroun.com
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